« L’IA générative est une affaire trop sérieuse pour la laisser dans les seules mains du capital »


Dix jours après l’éviction de Sam Altman de la direction d’OpenAI, le calme semble être revenu au sein de la société qui a développé ChatGPT, le célèbre robot conversationnel utilisant l’intelligence artificielle (IA). Le PDG a retrouvé son poste et ceux qui étaient à l’origine de son départ ont été écartés, à la satisfaction des salariés et de Microsoft, l’un des principaux actionnaires.

La saga n’a rien d’une crise de gouvernance classique. Son dénouement est riche d’enseignements sur la façon dont l’IA peut évoluer. OpenAI a clairement tranché le débat fondamental entre éthique et profit en faveur de ce dernier. Ce dénouement montre que les bonnes intentions ne seront pas suffisantes pour préserver l’IA générative d’une logique économique classique qui ne peut être le cadre adéquat pour se prémunir des risques que cette technologie fait courir.

Deux camps s’opposaient au sein d’OpenAI. Celui qui tentait de maintenir des garde-fous au développement d’une technologie appelée à bouleverser la marche du monde, quitte à rater des opportunités commerciales. En face, ceux qui pensent que la dimension éthique de la recherche n’a rien d’incompatible avec la poursuite du profit. Ils sont les grands vainqueurs de la séquence.

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Lancée en 2015, la société avait été pourtant conçue comme une organisation à but non lucratif pour « créer une intelligence artificielle générale, de façon sûre et bénéfique pour l’humanité ». Très vite, le projet s’est heurté à une limite de taille : l’argent. L’IA nécessite d’énormes investissements afin de bénéficier de la puissance de calcul de superordinateurs indispensables pour mouliner les quantités de données, qui permettent à la machine d’apprendre et d’être de plus en plus « intelligente ».

Le ver était dans le fruit

Les dotations philanthropiques qui ont permis d’amorcer l’aventure se sont révélées insuffisantes, poussant Altman à trouver d’autres sources de financement. Dès 2018, il obtenait le feu vert pour créer une filiale à but commercial, capable de lever de l’argent auprès d’investisseurs, à commencer par le géant informatique Microsoft. Même si cette nouvelle entité restait supervisée par un conseil d’administration attaché à œuvrer pour le bien de l’humanité, le ver était dans le fruit.

Il était écrit que Microsoft, qui a déjà injecté 10 milliards de dollars (9,1 milliards d’euros), ne se contenterait pas de satisfaire les objectifs sociétaux d’OpenAI dès lors que la société pouvait se transformer en poule aux œufs d’or, au moment où la course à l’IA s’emballe.

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